
A l’occasion d’un Webinaire organisé dans le cadre de l’édition 2025 de la Journée Internationale de la Sage-femme, le Directeur Régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a fait une déclaration officielle dans laquelle il a mis en exergue les efforts faits par l’institution Onusienne pour soutenir cette profession à travers le mode. Dr. Sennen Hounton a également insisté sur quelques chiffres alarmants qui interpellent la responsabilité collective.
Déclaration liminaires de Dr. Sennen Hounton, Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO) Webinaire de haut niveau à l’occasion de la Journée internationale de la Sage-femme 2025
Excellences, Distingués invités, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Un proverbe africain bien connu nous enseigne : « Les sages-femmes sont les architectes silencieuses de la survie. Le village qui honore ses sages-femmes sème les graines de son avenir. »
Aujourd’hui, nous ne rendons pas seulement hommage à une profession, mais à une véritable bouée de sauvetage : la sage-femme, dont le dévouement transforme le danger en espoir, et la naissance en promesse de vie.
Le thème de cette année, « Les sages-femmes : indispensables en toutes circonstances », résonne particulièrement en Afrique de l’Ouest et du Centre, où les urgences humanitaires, les conflits, les déplacements liés au climat et la faiblesse chronique des systèmes de santé affectent gravement les femmes et les filles. Ces crises touchent de manière disproportionnée les femmes enceintes, mettant en évidence le rôle essentiel des sages-femmes en première ligne.
Excellences, Distingués invités,
Les chiffres sont alarmants : plus de 500 femmes meurent chaque jour dans des contextes fragiles à cause de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Dans notre région, une femme meurt toutes les quatre minutes. Un nouveau-né décède toutes les 17 secondes. Une fille sur trois devient mère alors qu’elle est encore une enfant. Et pourtant, un investissement accru dans les sages-femmes permettrait d’éviter près des deux tiers de ces décès. Car les sages-femmes ne se contentent pas de mettre des enfants au monde ; elles sauvent des vies, dans des conditions souvent extrêmement difficiles.
Malgré cela, notre région souffre d’un déficit criant en ressources humaines. Le dernier rapport sur L’État de la pratique de sage-femme estime à 100 000 le nombre de sages-femmes supplémentaires nécessaires d’ici fin 2025, ne serait-ce que pour répondre à 90 % des besoins de santé essentiels. Avec moins de 10 sages-femmes pour 10 000 habitants – bien en deçà des 44,5 recommandés par l’OMS – des pays comme le Tchad et le Niger, où la mortalité maternelle dépasse encore les 800 décès pour 100 000 naissances vivantes, connaissent des pénuries particulièrement critiques. Et ce sont les communautés rurales, pourtant les plus vulnérables, qui sont les moins bien desservies.
Excellences, Distingués invités,
L’UNFPA a fait de la profession de sage-femme une priorité stratégique dans sa Feuille de route régionale 2025–2029 pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle. Nous appuyons les gouvernements dans le renforcement de la formation, des cadres réglementaires et des modèles de soins dirigés par des sages-femmes. Des dispositifs d’urgence ont été activés dans 13 pays pour permettre une réponse rapide en situation de crise.
Mais ces avancées sont menacées. En 2025, des réductions majeures de financement – notamment la fin du soutien de l’USAID et la baisse générale de l’aide publique au développement – ont entraîné la fermeture de services essentiels. En République centrafricaine, les salaires des sages-femmes ont été suspendus brutalement, mettant en péril les soins de milliers de femmes déplacées. Au Tchad, des centaines de postes de sages-femmes et de travailleurs psychosociaux sont aujourd’hui menacés. L’UNFPA redéploye les fonds disponibles, mais la situation n’est pas tenable à long terme.
Si le monde tourne le dos aux sages-femmes, il tourne le dos aux femmes. Et pourtant, nous savons ce qui fonctionne. Nous savons qui sauve des vies.
Excellences, Distingués invités,
Le Burkina Faso nous montre ce qui est possible. Malgré une insécurité profonde et une crise humanitaire persistante, le pays a réduit sa mortalité maternelle de 787 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990 à 242 en 2023. L’assistance à l’accouchement par du personnel qualifié est montée à 87 %, et la fécondité totale a chuté de 6 à 4,9 enfants par femme. Voilà le fruit d’un investissement durable dans le capital humain et les systèmes de santé — même en contexte de crise.
Ce webinaire nous offre un espace pour partager des solutions concrètes et faire entendre les voix de terrain, avec des perspectives issues du rapport sur l’état de la pratique de sage-femme, des témoignages du Tchad et du Mali, ainsi que l’initiative prometteuse de l’Accélérateur de la profession de sage-femme en Sierra Leone.
Mais nous devons aller au-delà du dialogue. Réaffirmons ensemble notre engagement à :
combler le déficit de sages-femmes ;
prioriser leur déploiement dans les zones les plus vulnérables ;
protéger les sages-femmes en contexte de crise ;
et garantir un financement adéquat et pérenne.
Excellences, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
C’est notre moment.
Permettez-moi de conclure en partageant les paroles fortes du Professeur Mahmoud Fathalla, figure de proue de la santé maternelle mondiale, qui a un jour déclaré :
« Les femmes ne meurent pas de maladies que nous ne savons pas traiter. Elles meurent parce que nos sociétés n’ont pas encore pris la décision que leur vie mérite d’être sauvée. »
En cette Journée internationale de la sage-femme, soyons la génération qui prend — et honore — cette décision fondamentale : celle de sauver la vie des femmes.
Je vous remercie.