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Armand Djinkpor à propos de la 3e édition de la fête de la Communauté des Adja de Hêvié : « C’est un moment fort qui nous a permis de nous retrouver, de raviver nos liens de fraternité »

La Communauté des Adja de Hêvié (CAH) fait parler d’elle dans les 09 villages de l’arrondissement de la localité depuis qu’elle est portée sur les fonts baptismaux. Les 10 et 11 mai passés, elle a célébré la 3e édition de sa fête identitaire, une tradition qui s’inscrit dans les annales de cette association. Armand Djinkpor, le président du Conseil d’Administration de la CAH, via cette interview exclusive, fait le bilan de sa gestion à la tête de cette communauté avec en arrière-plan, la fameuse Assemblée générale avortée. Lisez en effet !

Kanbio20 info : Quel sentiment vous anime depuis que vous êtes à la tête de cette communauté ?

Armand Djinkpor : Depuis que j’ai été porté à la tête de la Communauté des Adja de Hêvié, le sentiment qui m’anime le plus, c’est d’abord la fierté. Il y aussi la responsabilité. Je ressens une grande fierté d’avoir la confiance de mes frères et sœurs, d’être au service de cette belle communauté riche de ses valeurs, de son histoire et de sa culture. C’est un honneur que je mesure chaque jour avec humilité. Mais au-delà de la fierté, c’est surtout le sens du devoir qui me guide. Je me sens investi d’une mission : rassembler, valoriser notre identité Adja, et faire avancer notre communauté dans l’unité, la solidarité et la dignité. C’est une responsabilité qui demande de l’écoute, du travail, et parfois des sacrifices. Mais je la porte avec conviction et engagement, parce que je crois profondément à notre potentiel collectif.

Que gagnez-vous à la tête de cette communauté ?

Ce que je gagne à la tête de cette communauté n’est pas matériel. C’est d’abord une richesse humaine et morale. Le fait de pouvoir servir, d’unir, de contribuer à l’éveil culturel et au développement d’une communauté à laquelle j’appartiens, est une source de satisfaction personnelle et immense. Je gagne le respect, la confiance et l’estime de mes pairs, et cela n’a pas de prix. Je gagne aussi en expérience, en sagesse, au contact des jeunes, des aînés, des sages et de tous les membres. C’est un rôle qui m’apprend à écouter, à gérer les différends, à bâtir des ponts entre les générations et à agir pour l’intérêt collectif. Je ne suis pas à ce poste pour des gains personnels. Ma seule ambition est de laisser une trace utile, de contribuer à la construction d’une communauté forte, respectée et unie. Et pour moi, c’est la plus belle récompense.

Vous avez célébré récemment la 3e édition de la fête identitaire des filles et fils d’Adja-Tado vivant à Hêvié. Quelle est votre appréciation ?

La 3ᵉ édition de notre fête identitaire a été, à mes yeux, une réussite sur plusieurs plans. Elle a montré que notre communauté est vivante, organisée, et fière de son identité. C’est un moment fort qui nous a permis de nous retrouver, de raviver nos liens de fraternité, de faire rayonner notre culture Adja, et surtout de transmettre nos valeurs aux jeunes générations. J’ai vu une forte mobilisation des membres, une solidarité exemplaire, et une participation active de nos sœurs, de nos frères, des sages, de la jeunesse et des amis de la communauté. Cela prouve que nous sommes sur la bonne voie.

Comment vous vous organisez pour que la communauté ait ce résultat ?

Ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Il est le fruit d’un travail collectif, structuré et anticipé. Dès les premiers mois, nous avons mis en place une organisation claire fondée sur la concertation, la répartition des responsabilités et la participation active de tous les organes de la communauté. Le Conseil d’Administration, les coordinations villageoises, les sous-commissions ad’hoc, … chacun a joué sa partition. Nous avons instauré des réunions régulières, une communication fluide, et surtout, un climat de confiance entre les membres.
Nous avons également misé sur la transparence dans la gestion, la rigueur dans la planification, et l’ouverture à nos partenaires, aux autorités et aux associations sœurs. Le secret, c’est aussi l’écoute et l’inclusion. Nous avons veillé à ce que chaque membre se sente concerné et ait sa place dans le processus. Car, quand on donne la parole aux gens, quand on reconnaît leurs efforts, ils s’engagent naturellement.
En somme, c’est l’unité dans la diversité, l’engagement volontaire et la bonne organisation qui ont permis d’obtenir ce beau résultat.

Une Assemblée générale était prévue pour renouveler les instances dirigeantes de la Communauté. Cela a été reporté. Quelles en sont les raisons ?

Effectivement, une Assemblée générale devait initialement se tenir pour le renouvellement de nos instances dirigeantes. Toutefois, ce processus a été reporté pour des raisons à la fois techniques et statutaires.
D’abord, la Commission électorale mise en place a rencontré certaines difficultés, notamment en ce qui concerne le respect strict de nos textes fondamentaux. Nous avons estimé qu’il est mieux de prendre le temps pour bien faire les choses, dans la transparence et le respect des règles, plutôt que de précipiter une élection qui pourrait créer des malentendus ou des contestations.
Ensuite, il est important de rappeler que le mandat actuel du Conseil d’administration court légalement jusqu’à fin juillet 2025, comme prévu dans nos statuts. Il n’y a donc pas urgence sur le plan juridique, et ce délai nous permet justement de préparer une transition paisible, organisée et inclusive.

À quoi doivent s’attendre les membres de la Communauté par rapport à cette Assemblée générale ?

Les membres de la Communauté peuvent s’attendre à une Assemblée générale qui se tiendra dans le strict respect de nos textes, dans un climat de sérénité, de transparence et de démocratie.
La Commission en charge des élections est à pied d’œuvre. Elle va relancer dans les prochains jours le processus de dépôt des candidatures, afin de permettre à toutes celles et tous ceux qui aspirent à servir la communauté de se mettre à jour vis-à-vis des exigences de nos statuts. C’est une étape cruciale pour garantir que seules des candidatures sérieuses, respectueuses des règles et des valeurs de notre communauté, puissent se présenter. Nous tenons à rassurer l’ensemble des membres que l’Assemblée générale élective sera belle et bien tenue dans les délais réglementaires, avant la fin du mandat actuel prévue pour juillet 2025. C’est une étape importante de notre vie communautaire, et nous invitons chacun à y participer activement, dans l’unité et le respect mutuel.

Quel bilan pourriez-vous nous faire des 3 ans que vous avez passé à la tête de cette communauté ?

Le bilan des trois années à la tête de la Communauté des Adja de Hêvié est, à mon sens, globalement positif, même si beaucoup reste à faire.

Armand Djinkpor entouré des siens


En trois ans, nous avons d’abord posé les bases d’une organisation structurée, avec des textes clairs, des organes fonctionnels et un début de culture de transparence dans la gestion communautaire. Nous avons renforcé la cohésion interne, mobilisé toutes les couches sociales (jeunes, femmes, sages), et instauré un climat de confiance et de dialogue.
Sur le plan culturel et identitaire, nous avons organisé trois éditions consécutives de notre fête identitaire, qui sont devenues des moments forts de rassemblement, de valorisation de notre patrimoine Adja et de visibilité pour la communauté.
Sur le plan social, nous avons mené des actions de solidarité, de sensibilisation, et mis en place des mécanismes de soutien moral et parfois matériel aux membres dans le besoin.
Nous avons également ouvert la communauté sur son environnement, en tissant des liens de collaboration avec les associations sœurs, les autorités locales et les bienfaiteurs. Tout cela a été possible grâce à l’engagement collectif, à l’écoute, à l’unité et au sens du devoir de tous les membres. Ce n’est pas le bilan d’un homme, mais le fruit d’un travail d’équipe.
Bien sûr, tout n’a pas été parfait. Nous avons connu des difficultés, parfois des incompréhensions, mais elles nous ont permis d’apprendre et de nous améliorer. L’essentiel, c’est que la communauté avance, qu’elle se structure, qu’elle gagne en visibilité et en crédibilité.

Quel message avez-vous à l’endroit des Adja qui ne sont pas membres de la Communauté ?

À tous nos frères et sœurs Adja vivant à Hêvié mais qui ne sont pas encore membres actifs de la communauté, je lance un appel sincère et fraternel : Rejoignez-nous.
La Communauté des Adja de Hêvié n’est pas un club fermé, ni une organisation élitiste. C’est la maison de tous, sans distinction d’âge, de statut, de rang social ou de croyance. C’est un cadre de solidarité, de valorisation de nos racines, et de contribution collective à notre bien-être commun. En restant à l’écart, on perd une partie de soi. On passe à côté d’une dynamique qui nous unit, qui nous protège et qui nous fait grandir ensemble. La force d’un peuple réside dans son unité, et chaque Adja est un maillon essentiel de cette chaîne. Je les invite donc à franchir le pas, à adhérer officiellement, à participer aux activités, à faire entendre leur voix, et à contribuer à cette belle aventure que nous construisons pour aujourd’hui et pour les générations futures. La communauté a besoin d’eux, et ils ont aussi besoin de la communauté.

Cell/Com CAH

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