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Portrait de Gbéssi Zolawadji : Sur les traces d’un pointeur devenu icône de la musique traditionnelle

Crédit Photo : DR

Gbéssi Zolawadji est l’une des grandes figures de la musique traditionnelle béninoise. Agent de l’ex-Société Béninoise de Manutention Portuaire (Sobemap) à la retraite, il a su concilier sa carrière d’artiste à celle de fonctionnaire de l’État. Lauréat des Kora Awards en 2001, on ne saurait parler du rythme Agbadja sans évoquer son nom. Nous revenons ici sur son parcours, ses œuvres et ses années de gloire.

Né vers 1952, Gbéssi Zolawadji de son nom à l’état civil Albert Coffi Bessanvi est un artiste chanteur-compositeur de la musique traditionnelle béninoise. Il totalise à ce jour une vingtaine d’albums à son actif et des dizaines de distinctions reçues au Bénin et ailleurs en Afrique. L’homme est aujourd’hui cité comme l’une des figures de proue du rythme Agbadja authentique au pays. Mais à côté de la musique, Gbéssi Zolawadji a fait carrière dans la fonction publique.

En effet, après avoir obtenu son Certificat d’Etudes Primaires (CEP), Albert Coffi Bessanvi entre à l’ex-Société Béninoise de Manutention Portuaire (Sobemap) dans les années 1970 en tant qu’agent occasionnel, avant d’être intégré plusieurs années plus tard. « C’est en 1981 qu’après le test, j’ai été déclaré admis au service pointage. Du pointage j’ai évolué jusqu’au magasinier avant de jouir de ma retraite », confie-t-il. Gbéssi Zolawadji dit avoir eu la chance de connaître des patrons qui ont cru en lui et qui lui permettaient, en dehors de ses obligations professionnelles, de faire de l’art, la musique qui le passionne tant. 

Ses débuts et ses années de succès

Originaire de Grand-Popo dans le département du Mono, Gbéssi Zolawadji est né de Dossou Bessanvi et Adjouavi Adanyitonon. Aîné d’une fratrie de huit (8) enfants, il fait ses premiers pas dans la musique alors qu’il était très jeune. À la question de savoir l’année à laquelle sa carrière musicale a pris de l’envol, l’ancien pointeur à l’ex-Sobemap répond en ces termes :

« C’est en 1972. C’était le début de la révolution. À l’époque, on nous imposait des textes révolutionnaires. C’est ça qui m’a lancé, parce que quand on a commencé, matin, midi et soir, ce sont nos morceaux qui passaient ».

Mais il faut souligner qu’au début, Gbéssi ne faisait pas du Agbadja, mais plutôt du Tôba avec certains autres artistes de sa génération tel que Johnny Ahossi.

« Au départ je faisais le rythme ‘’Tôba’’.  Nous étions un certain nombre dans un même groupe. J’ai décidé finalement de revenir dans ma culture, dans mon rythme, parce que je suis du Mono », nous apprend l’artiste qui s’est consacré au rythme Agbadja à partir de  1994.

Dans sa riche discographie, Gbéssi compte au total 22 albums et continue de sortir des singles, de participer à des festivals, des concerts et autres prestations scéniques malgré le poids de l’âge.

Père de trois (3) enfants, dont deux (2) filles et un (1) garçon, Gbéssi Zolawdji vit bien de sa retraite dans son domicile privé dans l’un des quartiers de l’arrondissement de Godomey où l’avons rencontré. Malgré les années qui sont passées, le natif de Grand-Popo se souvient encore de quelques faits qui ont marqué sa carrière d’artiste. Il se souvient particulièrement de la première fois où il a soulevé un Kora Awards en Afrique du Sud. C’était en 2001, après avoir pris part aux éditions de 1999 et de 2000.

« Travailler sans cesse et ne pas faire la grosse tête », des conseils de Gbéssi à la jeune génération d’artistes.

Il n’y a pas que les bons souvenirs dans le parcours de Gbéssi. Les déceptions il en a connu également, mais elles l’ont renforcé. À l’en croire, la déception n’est pas à écarter dans le vécu de l’homme. Parce que pour l’artiste, c’est dans les déceptions qu’on trouve des idées, de la force pour aller de l’avant. Gbéssi nous confie qu’il a connu des déceptions avec certains membres de son groupe ; mais cela l’a davantage renforcé. 

Avec son regard d’expérimenté dans le domaine de la musique traditionnelle au Bénin, Gbéssi Zolawadji conseille aux jeunes artistes de travailler sans cesse et ne pas faire la grosse la tête. Mieux, l’artiste demande à ses jeunes confrères de savoir s’habiller et de ne pas faire la promotion du sexe.

« La culture, ce n’est pas seulement la chanson. La culture, c’est tout ce que tu es et tout ce que tu portes. Il ne faut pas exemple faire du Agbadja et porter une tenue européenne. Il faut être conforme à ce que tu fais, parce que la culture est universelle », déclare Gbéssi.

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Par Codjo Lucas Agboïtin

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