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Un ambitieux projet de pisciculture à la traine dans le village de Dado, commune de Bopa, département du Mono situé au sud-ouest du Bénin. Piloté par la mairie de Bopa grâce au Fonds d’Appui au Développement des Communes (FADEC)-agriculture, le projet peine à prendre corps. Et pour cause, dans son élaboration, il a semblé occulter certains facteurs pourtant essentiels non seulement à sa gestation mais aussi à sa durabilité.

Voici un ambitieux projet de pisciculture pour combler le besoin sans cesse croissant des béninois en ressource halieutique. Mais son décollage n’est pas pour demain. C’est-à-dire hic et nunc. La preuve, depuis plusieurs mois maintenant que les installations entrant dans le cadre de la réalisation dudit projet ont été effectuées à coût de millions, rien n’a bougé d’un seul trait. Et la raison en est que dans l’élaboration du projet, l’achat de poisson dans les enclos installés au fond du lac, est délégué aux pécheurs. Au total 3, chacun des enclos étant fait pour contenir 8000 poissons, nécessitent, en sus de la provende, un coût global d’achat de 6.150.000 FCFA pour une période résolue de six mois. C’est là, tout ce qui bloque le décollage d’un projet pourtant ambitieux.
Face au besoin financier important, la volonté n’aura pas raison d’eux.
En effet, les pêcheurs, bénéficiaires directs dudit projet de pisciculture, ont d’entrée exprimé que leurs ‘’bras n’étaient pas suffisamment longs’’ pour réunir un montant aussi colossal. Pas colossale lorsqu’on analyse l’intérêt communautaire du projet mais colossale comparativement à leur train de vie.
A cet effet, les autorités communales ont évoqué des pistes de recommandations à l’endroit des pêcheurs. Mais c’est sans compter sur la bourse de ces coopératives de pêcheurs dont seule la volonté ne suffira pas pour donner vie au projet. « Après avoir manifesté notre incapacité à rassembler un montant aussi élevé, les autorités nous ont enjoint à constituer un comité de 5 membres. Chaque comité prendra en charge un enclos et chaque membre apportera une contribution viable de 100. 000 f. Ce qui fera au total 500. 000 FCFA. Avec cette somme, on peut déjà démarrer quelque chose », raconte un des membres desdits comités. Ainsi, en lieu et place de 8000 poissons, il s’agira d’en mettre un nombre assez réduit. L’unité du poisson étant à 100F.
Faute d’étude de terrain
Des recoupements effectués par votre web média, le projet de pisciculture conduit par la mairie de Bopa avec le FADEC-agriculture, a pris ses quartiers dans plusieurs localités de deux principaux arrondissements à savoir Bopa et Possotomè avec le même principe de fonctionnement ci-dessus évoqué. Selon les témoignages reçus, à Dado comme dans les autres localités notamment (kpindji, Hinkpèmin, Akokponawa…), le constat reste le même : à quelques exceptions près, les pêcheurs n’ont pas suffisamment les moyens pour ‘’poissonner’’ les enclos.
Et c’est ici que la question se pose. Quelle est l’utilité d’investir des millions dans les infrastructures d’un tel projet alors même que les fonds pour son réel développement sont quasi inexistants ? Au vu des nobles objectifs ayant motivé une telle initiative de la part des autorités communales, la mairie de Bopa ne doit-elle pas prendre ses responsabilités ? C’est en tout cas les questions qui se susurrent au sein des bénéficiaires du projet.
Des inquiétudes dans les rangs des pêcheurs
La crainte de Serge, jeune pêcheur avertit des différents contours du projet est que les « filets, à force de séjourner longtemps dans le lac, ne s’usent ». Pareil pour le bâtiment de 4 mètre carré construit au bord du lac dans le cadre de la réalisation du projet de pisciculture.
Il s’agit là de préoccupations légitimes qui revêtent tout leur sens dans un contexte où le gouvernement de la rupture travaille d’arrache-pied pour lutter contre l’un de ces phénomènes qui ont, dans un passé encore récent, hypothéqué le développement du pays : les éléphants blancs.
Nous y reviendrons !
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