
Il est aujourd’hui l’un des meilleurs acteurs de sa génération et l’une des valeurs sûres du théâtre béninois. Lui, c’est Didier Sèdoha Nassègandé, metteur en scène, entrepreneur culturel et directeur artistique du ‘’Tout Grand Théâtre Djogbé’’. Il est par ailleurs le fondateur de la Cité Contemporaine de Recherche et de Création (CCRC-LA B’AZ) sis à Houèdo dans la commune d’Abomey-Calavi. Nous vous proposons un zoom sur lui.
Originaire de Sokpadèli dans la commune de Bohicon, Didier Sèdoha Nassègandé a fait ses études primaires et secondaires entre Savè, Dassa-Zoumè et Abomey, avant de rentrer à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) en 2008 où il a pu obtenir certains diplômes, concomitamment à son entrée dans le monde professionnel du théâtre au Bénin. Considéré comme l’un des comédiens-interprètes les plus en vue actuellement au Bénin, il est titulaire d’une Licence en Philosophie, d’une maîtrise en Droit et d’un Master en Gouvernance politique-publique et démocratie à la Chaire UNESCO de l’UAC. Avec tous ces parchemins, Didier Sèdoha Nassègandé aurait pu embrasser une carrière d’avocat ou de magistrat, ou encore d’enseignant de Philosophie dans les collèges. Mais il a plutôt décidé de se consacrer au théâtre. A la question de savoir pourquoi ce choix de carrière, il nous explique : « La passion pour le théâtre est une chose qui est arrivée dans ma vie alors que je n’étais pas focus sur ça. Ce n’était pas ma première vocation. L’une de mes premières passions est le football ou le métier d’avocat. Mes pas vers le théâtre sont arrivés alors que je me suis fait prendre au piège de l’église que je fréquentais en suivant les parents de ma famille de croissance et d’éducation ». En effet, avec ces derniers, le jeune metteur en scène en devenir allait à l’Eglise des Assemblées de Dieu (EAD) et a tout de suite adhéré au groupe de théâtre dès son bas âge. Il nous confie que cela n’avait pourtant pas autant d’importance pour lui, que son investissement au football. Didier Nassègandé dit avoir le sentiment que le théâtre parlait plus aux fidèles que le prêche du pasteur. « Parce que quand nous faisions le théâtre, nous sensibilisions plus et les gens pleuraient plus vite, rigolaient plus vite, que quand le prêche du pasteur est là où les gens dormaient plus. Étant en contact avec les sketchs que nous faisions à l’occasion des fêtes, le théâtre s’est installé comme une sorte de sédimentation dans mon esprit et petit à petit, j’ai commencé à prendre goût à ce genre de jeu d’impact», déclare-t-il.
La prise de responsabilité comme déclic
Arrivé en classe de 1ère au CEG1 d’Abomey, Didier Sèdoha Nassègandé remarque que ses amis ne faisaient pas le théâtre comme, lui, l’entendait. A ses dires, il y avait une sorte de négligence, un manque d’engagement et de sérieux ; ce qui pour lui est contraire à la dimension qu’il se donne du théâtre. Il est donc allé vers l’administration du collège pour demander à diriger la troupe de théâtre pour une saison artistique. L’élève reçoit alors l’autorisation et conduira quelques mois après la troupe à une compétition nationale dénommée « Plus tard plus sûr » qui a regroupé des collèges et lycées du Bénin. Avec brio, ils remportent la compétition, reçoivent un trophée et une enveloppe financière. « À partir de ce moment, j’ai commencé à considérer ma présence au théâtre comme quelque chose qui pouvait avoir de l’effet, mais sans jamais perdre mon attachement au football », poursuit-il.
Au cours de ses premières années sur le campus d’Abomey-Calavi, Didier Nassègandé fait la connaissance de Tanguy Agoï, un journaliste de Canal3 qui évoluait alors à Radio Univers, une chaine animée par des étudiants et implantée sur le campus. A la suite d’une causerie, ce dernier l’oriente vers l’EACE (L’Ensemble Artistique et Culturel des Étudiants). Il commence alors à s’investir complètement au théâtre et rencontre plein d’amis dont : Souleymane Laly, Adébayor Houssou Giovanni Houansou et bien plus tard Carlos Zinsou, Epihanie GNAMBAKPO, Mike TODEGO et bien d’autres.
Les moments forts de son passage à l’EACE
Père d’enfants, Didier Sèdoha Nassègandé avoue tout souriant que toutes les années passées à l’EACE ont été des moments forts, des moments d’ancrage. « Tout de suite arrivé à l’EACE, j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui travaillaient beaucoup ou du moins qui aimaient beaucoup travailler. Donc on a commencé à travailler de façon ardue », souligne-t-il. Les autres moments forts de ce passage à l’Ensemble Artistique et Culturel des Etudiants dont il se souvient sont : les participations au FESCUAO (Festival Universitaire des Clubs de l’Afrique de l’Ouest), la participation à l’édition 2012 du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB dissout). Tout ceci sans oublier la participation à un grand festival en Belgique, où le jeune metteur en scène prenait l’avion pour la première fois. « L’un des moments forts émouvants de mon passage à l’EACE, c’est quand j’ai été appelé à être responsable de la section Théâtre. J’ai pris ça comme une véritable mission, un challenge. Ça a contribué un peu à ce que je fais aujourd’hui », témoigne-t-il.
Dieu son premier MAITRE dans les ’arts
Didier Sêdoha Nassègandé est un chrétien croyant fermement en Dieu , en qu’il place au centre de son art. C’est du moins ce qu’il nous a expliqué lors de cette interview qu’il nous accordée il y a quelques semaines à LA B’AZ. «Mon premier maître dans l’art c’est Dieu. Je place toute ma carrière sous la protection de Dieu. Dieu étant une matière universelle, Dieu dans sa définition étant un créateur, donc un artiste. J’ai toute la bénédiction, toute la protection de mon maître », a-t-il déclaré. Cependant, comme tout autre jeune artiste, il ne manque pas d’avoir des maîtres dans le domaine du théâtre, des figures (du Bénin ou d’ailleurs) qui l’inspirent au quotidien.
C.L.A