
La salle des Actes de la Faculté de Droit et Science Politique (FADESP) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), a servi de cadre le lundi 29 juillet 2024 à une journée scientifique en guide de relance des activités du Centre du Droit International et d’Intégration Africaine (CDIIA). Cette activité qui s’est déroulée sous les auspices de la Professeure Dandi GNAMOU, directrice du CDIIA, a été ponctuée d’une leçon inaugurale et de deux principales communications, l’une en ligne et l’autre en présentiel.
«Défis de l’intégration africaine ». C’est le thème central de cette journée scientifique du Centre du Droit International et d’Intégration Africaine (CDIIA) organisée lundi dernier sur le campus d’Abomey-Calavi. Elle a réuni plus de 70 participants en ligne et plus de 50 en présentiel. Tout en commencé par une cérémonie protocolaire de lancement marquée par de deux importantes interventions.
Dans son discours de bienvenue, le Professeur Arsène-Joël ADELOUI, Agrégé des Facultés de Droit de l’Uac, co-directeur du CDIIA lancé en 2016 et qui reprend ses activités après une pause, a fait savoir que ledit centre est un laboratoire scientifique de recherches et de formation qui continue d’accompagner les enseignants et chercheurs d’ici et d’ailleurs. Il précise qu’il s’est notamment illustré par l’organisation du Master 1 et 2 en Droit International et Intégration Africaine. Au point où, le CDIIA est devenu un centre de grande utilité aussi bien pour l’Uac, la sous-région que pour toute personne intéressée. « Les objectifs poursuivis par le centre sont entre autres : favoriser le développement des études, de la recherche et de l’enseignement en droit de l’intégration dans les universités béninoises et dans les autres établissements d’enseignement supérieur, décupler la connaissance du droit de l’intégration grâce aux publications qu’elle assurera, favoriser les échanges d’expériences et d’analyse entre les spécialistes droit et de l’intégration, organiser des colloques, congrès, conférences et réunions scientifiques en relation avec le droit d’intégration », poursuit le Professeur Arsène-Joël ADELOUI. Pour finir, il a rendu un hommage particulier à tous les enseignants qui ont contribué à l’animation scientifique du CDIIA pour leurs interventions de qualité.

En procédant à l’ouverture officielle de cette journée, le Professeur Hygin KAKAÏ, vice-doyen de la FADESP a indiqué que c’est une activité scientifique très importante. « Le CDIIA est un centre de référence et fait notre fierté. Elle donne une grande visibilité à notre faculté et par ricochet à l’Uac », a-t-il martelé. Le vice-doyen n’a pas manqué de remercier le comité d’organisation de ses assises présidé par Dr Cherifathou BANSOU.
La leçon inaugurale
La leçon inaugurale de la journée scientifique du Centre du Droit International et d’Intégration Africaine, a été enseignée par la Professeure Dandi GNAMOU, directrice du CDIIA et est centrée sur le thème: « Défis de l’intégration africaine ». Dans sa présentation, elle a expliqué que l’intégration est un processus multidimensionnel qui vise à renforcer la coopération et l’unité entre les Etats africains dans divers domaines avec pour objectifs : le développement durable, la stabilité et la prospérité sur le continent. Elle est présentée comme la voie du succès pour l’épanouissement des peuples dans un monde globalisé et révèle des défis de deux ordres, précise la Professeure Dandi GNAMOU. Le premier est celui de la juxtaposition des ordres juridiques et le deuxième est celui de l’entrecroisement de la fondation politique et de l’ouverture économique. « Dans la juxtaposition des ordres juridiques, il y a une forme d’impasse. Et d’une impasse de la hiérarchisation, on est habitué à la hiérarchie des normes. On pourrait donc penser qu’il y a une norme qui est supérieure et une autre qui est inférieure et cela renvoie aux rapports de systèmes », a-t-elle ajouté.

Prenant appui sur la primauté de l’Union Africaine (UA) sur les communautés économiques régionales, la Professeure Dandi GNAMOU révèle que la hiérarchie a du mal à s’appliquer dans le contexte de l’intégration africaine. « …Cette hiérarchisation est contrebalancée par le fait que chaque organisation internationale a son ordre juridique propre. Pour que les décisions de l’Union Africaine soient acceptées ou s’imposent aux organisations régionales, il faut qu’elles aient accepté cette soumission. Et pour faire accepter cette soumission, il faut un accord entre les organisations régionales et l’organisation continentale. Effectivement l’UA va travailler à la signature d’un protocole avec les communautés économiques régionales qui ont accepté de travailler de concert avec l’UA. Et c’est pour cela qu’il faut oublier la dimension de la hiérarchisation de prémices et s’avancer vers une cohérence de l’ordre juridique », fait-elle remarquer.
Quid des insuffisances et des lacunes des mécanismes africains de lutte contre le terrorisme
Deux communications ont suivi la leçon inaugurale. La première qui a d’ailleurs retenu plus l’attention des participants et a suscité des débats, a été animée par le Professeur Gérard AÏVO, Agrégé des Facultés de Droit de l’Uac et a eu pour thème : « L’intégration régionale africaine à l’épreuve du terrorisme international ». La deuxième en ligne a été animée par le Professeur Serge François SOBZE des Facultés de Droit de l’Université de Douala au Cameroun autour du thème : « La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF) à l’épreuve de l’intégration régionale en Afrique Subsaharienne ».

Dans la présentation de sa communication, le Professeur AÏVO est revenu sur les insuffisances et lacunes des différents mécanismes africains de lutte contre le terrorisme qui selon lui se résument en 4 points essentiels : le manque d’autonomie financière des organisations régionales africaines dans la conduite efficace de la lutte contre le terrorisme, l’insuffisance des moyens militaires et logistiques sophistiqués, l’insuffisance de la coordination des services de renseignement et de partage des informations entre les Etats et enfin, la porosité des frontières au niveau des Etats africains notamment au Sahel où les zones désertiques sont laissées à l’abandon des groupes terroristes qui y trouvent des refuges et qui se multiplient abondamment avec des armes lourdes.
Une série d’activités en vue pour le CDIIA
Avant le mot de clôture de la Professeure Dandi GNAMOU, l’un de ses disciples, Dr Roméo MIDJRESSO, membre du comité d’organisation a présenté aux participants, les prochaines activités inscrites à l’agenda du CDIIA. On retient qu’il y aura 5 activités à venir, soit 2 en 2024 et 3 en 2025. En 2024, la première activité sera organisée en octobre prochain et constituera une journée scientifique du CDIIA. Elle sera suivie en décembre d’une conférence de méthodologie à l’endroit des chercheurs, les doctorants et les masterants, et sera animée par un professeur de rang A.
En mars 2025, le CDIIA va organiser une journée scientifique, en juin un café scientifique. Pour boucler l’année, il sera organisé un mini colloque international de deux jours.
Travailler pour que l’intégration africaine soit une réalité
Dans son mot de clôture de cette journée scientifique marquant la relance des activités du CDIIA, la Professeure Dandi GNAMOU a souligné que du moment où les uns et les autres se sentent liés par un destin commun, celui du développement de l’Afrique, leur crédo doit être toujours de bien faire. « C’est essentiellement grâce à cela que nous allons avancer. Les problèmes autour de l’intégration africaine, du terrorisme, de la mauvaise gouvernance ne pourront pas être dépassés, transcendées sans que chacun n’ait en idée qu’il n’y a pas plus belle eldorado que l’Afrique et c’est à nous de travailler pour que l’intégration africaine soit une réalité et que la vision d’une Afrique prospère soit une réalité », a conclu la directrice du CDIIA.
C.A.