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L’ancien Ministre des Affaires Etrangères lors d’une conférence organisée par l’IAJP le 10 juillet dernier : « L’unité africaine, une illusion fonctionnelle », dixit le Professeur Nassirou Bako-Arifari

Les responsables de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) ont organisé le jeudi 10 juillet 2025 une conférence au Chant d’Oiseau à Cotonou. Cette initiative qui marque le lancement du cycle de réflexion du troisième trimestre de l’année en cours a porté sur le thème « Souveraineté du pouvoir politique en Afrique : Entre unité africaine et impuissance des dirigeants africains? ». Pour cet exercice spécial, l’IAJP a fait venir un invité de marque. Il s’agit du Professeur Nassirou Bako-Arifari, ancien ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de l’Extérieur, Député à l’Assemblée nationale, 9ème législature, qui a, sans détour, levé le voile sur les obstacles qui font que l’unité africaine reste à ce jour un rêve lointain.

Malgré la création des institutions comme l’Union Africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et autres pour parvenir à une Afrique forte et autonome sur tous les plans selon la vision des pères fondateurs, la souveraineté du continent noir continue d’être symbolique et dépendante des puissances étrangères. Une situation malheureuse dépeinte par l’ancien ministre et député à l’Assemblée nationale, Nassirou Bako-Arifari, à l’occasion d’une conférence au Chant d’Oiseau à Cotonou. D’après l’invité de l’IAJP, la souveraineté africaine se limite essentiellement le plus souvent à des apparences juridiques sans une réelle capacité d’action. Pour donc étayer ses propos, l’ancien ministre a rappelé à la mémoire collective deux événements majeurs: la crise libyenne de 2011 et celle survenue au Mali en 2012.
Alors qu’il venait d’être nommé ministre des Affaires Etrangères, Nassirou Bako-Arifari, a assisté à l’échec d’une tentative de médiation africaine dans la crise qui avait secoué la Libye et conduit à la chute du régime du Guide Mouammar Kadhafi. Trois pays africains à savoir l’Afrique du Sud, le Gabon et le Nigeria ont voté la résolution 1973 au Conseil de Sécurité, ouvrant la voie à une intervention militaire occidentale. À la surprise générale, l’OTAN empêcha par la suite l’entrée en Libye des Chefs d’État africains envoyés en mission. Concernant le Mali en 2012, Bamako n’a pu compter sur une réponse sécuritaire africaine efficace face à la menace djihadiste. Presque totalement dos au mur, le pays a fini par se tourner vers la France, avec l’appui de la CEDEAO et de l’Union Africaine.

L’unité africaine, la quête du Graal?

L’unité africaine est une illusion fonctionnelle, mais produit des effets, a fait remarquer le Professeur Nassirou Bako-Arifari. Elle reste selon lui, un concept mobilisateur largement fictif, pour des raisons de divisions internes et du manque de volonté politique. Toutefois, il a souligné que l’impuissance des dirigeants africains n’est pas toujours subie. Nassirou Bako-Arifari parle à cet effet d’auto-incapacitation, c’est-à-dire du renoncement volontaire à exercer une souveraineté effective par intérêt personnel ou confort diplomatique.

Regard critique sur l’AES

Interrogé sur le retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso qui forment désormais l’Alliance des États du Sahel (AES) de la Cedeao, Nassirou Bako-Arifari n’estime pas qu’il s’agit d’un aveu d’impuissance de l’institution régionale. À l’en croire, l’erreur de trop avait été l’annonce de l’intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel dans ces pays.

A préciser que bien conscient de ce que l’unité africaine n’est pas impossible mais ne sera quand même pas pour demain, le Professeur Nassirou Bako-Arifari a profité de l’occasion pour proposer des solutions dans le but de pallier les fragilités des États africains et de la CEDEAO. Entre autres, le respect et la mise en œuvre des décisions prises à l’échelle continentale et la mise sur pied d’une réelle politique monétaire.

G.D.

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