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Le Bénin est connu en Afrique et ailleurs dans le monde, comme le berceau du vodun, une pratique, une religion. Et comme toutes les autres d’ailleurs, elle a ses règles, ses codes et ses formules bien établies. Dans le vodun, la hiérarchie est également respectée et les pratiquants tiennent à leurs titres. Votre Web Média ‘’Kanbio24’’ s’est intéressée au sujet, notamment au rapprochement qu’il y a entre les thèmes Bokonon, Hounon et Hounongan.
Kansounkpa dans la commune d’Abomey-Calavi, une localité située à environ 10 km de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Quelques minutes sont passées après 17h et notre équipe vient de faire son entrée dans la forêt sacrée des ancêtres divinisés. Nous avons été accueillis par le maître des lieux, Alphonse Dansou dit Gazozo, juriste de formation et responsable d’un syndicat d’intellectuels traditionnels. Respect des principes et règles de la tradition oblige, après les salutations d’usage, notre hôte nous introduit et sollicite la permission des ancêtres avant notre interview. Avec lui, nous avons voulu comprendre ce qu’est un Bokonon, un Hounon ou encore un Hounongan. Il nous fait comprendre qu’un Hounon, c’est celui qui détient les attributs de ‘’Houn’’, susceptible d’être en harmonie avec les dieux et capable d’envoyer ses prières aux ancêtres divinisés afin qu’elles soient exaucées pour sauver la vie des êtres humains. Houn, c’est une entité du vodun, un petit élément insécable, invisible. Une sorte d’hypostase qui répond aux directives de Hounon. Hounon détient des pouvoirs successifs et peut les orienter.
Comment devient-on Hounnon ?
Selon notre interlocuteur, il y a plusieurs formes de Hounon. Certains ont hérité leur pouvoir de leurs parents, leurs ancêtres. Ils sont accrochés à un siège. Ce type de Hounon succède au trône à travers les révélations du fâ (l’oracle). Mais avant qu’il ne soit désigné, il aurait déjà fait ses preuves auprès de son prédécesseur. Si ce dernier ne le consacre pas au trône avant de mourir, la consultation peut le recommander. Ce successeur désigné, authentique, garde le trône pour le bonheur de sa collectivité. Alphonse Dansou Gazozo nous informe qu’il est cette catégorie de Hounon et nous raconte son expérience en ces termes: « Moi je me situe dans cette forme de Hounon parce que mon père (Dansou Sogbossi) avant de mourir en 1983, m’a fait asseoir et a dit si je reviens de l’école, je ne vais plus le voir. Il va partir vers ses ancêtres. L’heure a sonné. J’ai ri parce que je ne croyais pas. J’avais 13 ans et j’étais en 3e au collège. Je devrais quitter le village ce dimanche pour revenir le 16 mars de la même année pour les congés de détente. Il me disait: ‘’Occupe-toi de Denis, (mon jeune frère), occupe-toi de toute la famille, de la collectivité’’. Je m’étais opposé, parce que pour moi, c’est une lourde charge et mon ambition est de devenir ingénieur des ponts et chaussées ».
Le Bokonon, ‘’l’aide de camp’’ du Hounon
Selon Gazozo, c’est celui qui est initié par un autre Hounongan qui détient les attributs des ancêtres de sa collectivité. Le Hounongan est le maître des maîtres. C’est un vénérable. Il a un trône, c’est lui le patron du trône de sa collectivité. Il détient aussi les attributs des ancêtres divinisés de la forêt et les autres divinités telles que Sakpata, Dan, Hêbiosso, Djowamon, Ogou, Tohossou etc. A l’en croire, un vrai Hounongan doit avoir une forêt sacrée. Un Hounon ordinaire, c’est celui qui est allé apprendre, s’initier auprès d’un Hounongan. On peut également l’appeler Hounonvi. Par contre, le Bokonon est l’aide de camp du Hounon’’. Le Bokonon lui fait la consultation. Mais en réalité, « tout est lié et tout se complète en spiral », fait savoir Hounnongan Gazozo. On peut conclure de ce fait qu’il y a un lien étroit entre Honnon, Hounvi, Bokonon etc.
Cependant, d’autres font des cérémonies pour devenir un grand Hounnon, afin de recevoir les attributs. Et ce n’est qu’après qu’on les conduit vers le ‘’Houn’’ pour recevoir la charge spirituelle.
La désacralisation
De nos jours, le mythe et le respect autour de certaines entités du vodun ont diminué malheureusement. Et n’importe qui peut s’autoproclamé Hounon. Or, « un Hounon devrait avoir un temple, une forêt sacrée. Cela peut être de commun accord avec d’autres Hounons. A la forêt sacrée, ils font leurs recherches, leurs méditations pour des voyages astrales », nous apprend Alphonse Dansou Gazozo qui pense qu’un : « un Hounon qui envoie ses enfants à l’église, qui se marie à l’église, n’est pas un vrai Hounon. Je ne suis pas contre les autres religions, mais je dis la vérité. Ils n’ont pas compris ce qu’ils font. Le Hounon doit avoir sa chambre à part, celle de sa femme également à part», a-t-il laissé entendre.
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