
Dans le cadre du Projet UP-RISE (Upgrading Food Safety Systems in Africa), le Laboratoire de Sciences et Technologies des Aliments (LSTA) de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi (FSA-UAC), a organisé le vendredi 23 mai 2025, un atelier de concertation et de collectes des données. La rencontre s’est tenue au centre Sainte Anouarite d’Abomey-Calavi et a réuni toutes les parties prenantes à savoir les enseignants chercheurs, les spécialistes de la sécurité sanitaire des aliments et les consommateurs. Plusieurs moments forts ont marqué ce rendez-vous décisif qui permettra de construire dans une synergie d’actions un modèle réglementaire adapté aux réalités du pays.
Financé par l’Union Européenne à travers le projet Horizon Europe, le Projet UP-RISE est porté par un consortium regroupant la Belgique, la France, les Pays-Bas, l’Italie et cinq pays africains dont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Kenya et l’Afrique du Sud. L’objectif est de renforcer les systèmes de règlementation en matière de sécurité sanitaire des aliments en Afrique, en mettant un accent particulier sur la gestion des mycotoxines dans les secteurs formel et informel.
À en croire le Professeur Paulin Azokpota, coordonnateur local du Projet UP-RISE, l’initiative vise principalement à améliorer le système africain de sécurité sanitaire des aliments en se focalisant surtout sur les chaînes de valeur des aliments fermentés. Lesquels sont d’une grande importance économique et nutritionnelle pour les populations locales et qui sont susceptibles d’être contaminés par des mycotoxines compromettant ainsi leur qualité sanitaire avec des effets néfastes sur la santé humaine. <<Les activités du projet sont alignés sur la stratégie actuelle de l’Union Africaine en matière de sécurité sanitaire des aliments pour l’Afrique>>, a précisé le coordonnateur local du Projet UP-RISE.
Encore du chemin à faire pour le Bénin
Même si les lignes ont bougé, les premières données issues de l’analyse situationnelle conduite dans le cadre du Work Package 2 (Wp2) du Projet UP-RISE révèlent malheureusement que le Bénin traîne des lacunes significatives dans la réglementation et le contrôle des mycotoxines, notamment dans le secteur informel. Face à cette situation, Docteur Sylvain Dabadé, enseignant à la FSA et responsable technique du Wp2 au Bénin, estime qu’il est nécessaire pour le Bénin de se doter d’un modèle réglementaire qui s’arime aux réalités locales, des capacités d’analyse du pays et de la vulnérabilité des aliments fermentés à la contamination par les mycotoxines. <<Les données collectées montrent que nous avons encore du chemin à faire. Le cadre réglementaire reste incomplet, surtout dans les filières informelles qui alimentent pourtant la majorité de la population. C’est une question qui est souvent reléguée au second rang. On y accorde très peu d’importance alors qu’on ne peut rien faire si on est malade>>, a souligné Docteur Sylvain Dabadé.
Des apports significatifs pour un nouvel élan
De nombreux représentants de structures ont activement participé à l’atelier de concertation et de collecte de données du vendredi 25 mai. C’est le cas de madame Roukiyatou Boukari qui a porté la voix de l’Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments (Abssa). De ses propos, il ressort que l’Abssa est engagée depuis la conception du projet et apporte surtout son expertise et les résultats de ses propres campagnes de surveillance et de sensibilisation. Quant à Edith Mireille Déguénon, présidente des Transformateurs de Maïs du Bénin, elle a plutôt tiré la sonnette d’alarme en pointant du doigt l’impact direct des mauvaises pratiques d’hygiène dans la transformation artisanale.
Précisons qu’après l’atelier de concertation et de collecte des données tenu à Abomey-Calavi, le Bénin est attendu dans les prochains jours en Afrique du Sud avec les autres pays africains impliqués dans le Projet UP-RISE, pour discuter, valider l’analyse situationnelle et proposer des solutions concrètes en matière de sécurité sanitaire des aliments.