
C’est une source d’eau intarissable qui dessert les habitants de l’arrondissement de Bopa depuis bien des années. Véritable mine d’opportunité pour ses riverains, ‘’EDEN’’ attire à lui seul des centaines d’individus venus des quatre coins de l’arrondissement. Installée depuis près de 20 ans par un investisseur libanais avec en arrière-plan, un vaste projet de fabrication d’eau potable, cette structure peine à retrouver ses marques et est même en proie à une disparition lente et progressive.
Si vous quittez Cotonou pour Bopa et que vous arpentez le trajet menant vers l’arrondissement de Possotomè en direction de Sèhougbato, c’est que vous êtes à deux pas de découvrir “EDEN“, cette structure de fabrication d’eau et connexes qui, autrefois rivalise d’ardeur avec une célèbre marque. Installé sur un espace de plus de 8 hectares, elle offre à tout passant, une vue d’ensemble pittoresque.
Ici, l’eau chaude coule à flot, sans arrêt et draine du monde. Là est en effet, le point de convergence de « EDEN » avec la source thermale de Hêtin-Sota. La seule différence est que pendant que le premier est longtemps exploité par ses têtes pensantes à des fins industrielles, avant d’être finalement délaissé faute de certaines contraintes, le second est resté inexploité depuis près de 70 ans.
Des conflits internes à l’origine….
Jusqu’à la date d’aujourd’hui, ‘’EDEN’’ demeure une structure privée cocréée par un expatrié libanais et un particulier. La structure enregistrée dans les registres du département du Mono depuis environ 2007 et spécialisée dans la mise en bouteille d’eau et la fabrication de jus de fruit, a connu durant un temps, ses moments de gloire avant de virer dans la déchéance parce que décimée par un conflit interne. Lequel conflit a conduit à maintes reprises, les différentes parties prenantes devant les instances judiciaires. Mais c’est une erreur que de réduire le problème d’EDEN au simple fait. Il ne s’agit là que de la face cachée de l’iceberg. La question semble être bien plus complexe.
Selon les investigations de votre web média, ‘’EDEN’’ a fait l’objet d’un audit. Nos sources, très discrètes, font état de ce que la source d’eau exploitée par la structure a fait l’objet d’analyse scientifique. Et selon les résultats issus du laboratoire, la qualité d’eau que ‘’EDEN’’ met à la disposition des consommateurs semble répondre aux normes standards, c’est-à-dire comporte les vitamines adéquates. Mieux, elle serait d’une qualité encore supérieure que tout autre. Ce, tant à l’état nature que postiche.
Et c’est ici, semble-t-il, le péché réel que la nature a commis en dotant ‘’EDEN’’ d’une eau remplie de propriétés aussi recherchées. En effet, notre source locale confie que, nonobstant les résultats issus de l’étude d’analyse, la qualité de l’eau a été remise en cause. Un tel désaveu serait motivé par la crainte des instigateurs de voir ‘’EDEN’’ ravir la vedette à un autre concurrent. Cette situation ajoutée au conflit interne qui prévalait au sein de la structure, ont tôt fait de précipiter ‘’EDEN’’ dans une sorte d’accalmie qui ne dit pas son nom.
Aujourd’hui, les propriétaires ne sont plus là. Mais leurs œuvres, « charitables », continuent de faire écho dans les contrées, aussi reculées soient-elles, de l’arrondissement de Bopa.
« Cette eau sauve beaucoup de gens »
Cet après-midi du jeudi 4 avril 2024, Alphonse a pénétré en toute vitesse les locaux de ‘’EDEN’’ avec sa moto Bajaj, tout sifflotant. Il vient tout droit de Massè. Muni de deux bidons de 25 litres qu’il remplit in extenso d’eau, son visage s’illuminait de satisfaction au gré du soleil du midi. « Le bien que cette eau nous fait est inestimable. Cette eau sauve beaucoup de gens », confie le jeune conducteur de taxi-moto sur un ton franc.

Hormis Alphonse, une dame âgée de la vingtaine venait de finir sa lessive. Avec ses trois petits enfants, elle rangeait les vêtements qu’elle a séché sur l’herbe, à même le sol, sous le regard hagard du gardien de la maison. En effet, depuis que les patrons de la maison sont partis, rien n’est plus comme avant. Plus d’émolument à la fin du mois. Pareil pour les petites grâces dont il jouissait. Son espoir, il le place désormais dans les différentes activités agricoles qu’il mène grâce au vaste espace disponible à l’enceinte de la structure. Son souhait le plus ardent, c’est de voir ses patrons revenir à la tâche. Un vœu aussi partagé par la majorité des riverains.
Pour le chef du village de Dado, ‘’EDEN’’ porte un ambitieux projet qui mérite attention de la part des autorités politico-administratives. Puisque, à sa genèse, il a été une mine d’opportunité d’emploi. Plusieurs sont ces jeunes qui y ont travaillé, la plupart du temps, en qualité de manœuvre. Vu sous cet angle, la redynamisation d’EDEN s’avère plus qu’urgent.
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Ignace TOSSOU